«Il y a un immense potentiel d’action»

samedi 1 novembre 2025

En Suisse, la moitié du gaspillage alimentaire a lieu dans les ménages et la gastronomie. Le chercheur Claudio Beretta esquisse des solutions. 

Chercheur à la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), Claudio Beretta est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes suisses du gaspillage alimentaire. Il est aussi le cofondateur de l’association foodwaste.ch.

Comment est né votre intérêt pour le gaspillage alimentaire?

Claudio Beretta: Je viens d’une famille de médecins et j’ai toujours été attiré par l’idée de soigner les humains et la planète. Ce qui m’inspirait dans les études sur l’environnement, c’était de mieux comprendre le lien entre les activités humaines et leurs conséquences environnementales. Le gaspillage alimentaire est un domaine où il y a un immense potentiel d’action puisque le tiers de tous les aliments produits et importés en Suisse ne sont pas consommés.

Sur quel aspect votre recherche s’est-elle concentrée?

Le gaspillage alimentaire est un problème majeur. Pourtant, les premiers chiffres en ce qui concerne la Suisse datent seulement de 2012. Ce qui m’a principalement intéressé, c’est de pouvoir quantifier l’impact du gaspillage alimentaire sur l’environnement. Peu avant la fin de mon travail, j’ai découvert que João Almeida travaillait sur le même sujet à l’Université de Bâle. Nous avons donc décidé de collaborer en fondant la plateforme foodwaste.ch.

Quel est le but de cette plateforme?

À travers l’association foodwaste.ch, nous avons organisé des actions de sensibilisation, notamment des banquets où nous cuisinions à partir de légumes qui ne correspondent pas aux normes et qui seraient habituellement jetés. Sur notre site foodwaste.ch, nous proposons aussi des conseils pour éviter le gaspillage tant au moment de l’organisation des courses que pour la conservation des aliments. Il est important de rappeler que le consommateur peut vraiment agir. La moitié du gaspillage alimentaire en Suisse a lieu dans les ménages et la gastronomie.

Que peut-on faire d’autre pour lutter contre le gaspillage alimentaire?

Je pense qu’il reste beaucoup de travail à faire autour de la compréhension des dates de péremption. On oublie souvent que la date limite est une pure garantie de qualité et n’a rien à voir avec la sécurité alimentaire. Dans le cadre d’un projet de la ZHAW, mandaté par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), nous développons des recommandations concrètes pour que les magasins vendent ou donnent les aliments impeccables durant une certaine période après la date limite, et qu’ils congèlent les aliments périssables avant la date de consommation.

Comment convaincre la population?

Les faits parlent d’eux-mêmes, il s’agit maintenant de le faire savoir. Aujourd’hui, des milliards de francs sont investis inutilement dans la production des aliments jetés. On pourrait éviter cette absurdité. En plus, il est important de rappeler que plus d’un tiers des aliments sont importés de l’étranger, souvent de pays où la population n’a pas assez à manger. Éviter le gaspillage aide donc à garantir un meilleur équilibre mondial. Le gaspillage alimentaire n’est pas seulement une question environnementale, c’est aussi une question économique et éthique.

Sources: l’environnement.ch / reloved.media

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