ID Genève place la circularité au cœur de l’horlogerie

mercredi 5 novembre 2025

Concilier excellence horlogère et économie circulaire: c’est le pari que relève Nicolas Freudiger depuis 2020 avec sa marque de montres durables. 

Pionnière de l’économie circulaire dans l’horlogerie, ID Genève bouscule les codes de l’industrie. Ses montres sont conçues à partir d’acier 100% recyclé, ses emballages sont faits d’algues, et ses bracelets revalorisent le marc de raisin des vignes de Châteauneuf-du-Pape. Depuis sa création en 2020, la marque s’est imposée comme un acteur incontournable de l’horlogerie durable, séduisant des investisseurs de renom… jusqu’à apparaître au poignet de Leonardo DiCaprio, aujourd’hui actionnaire de l’entreprise. À l’occasion du lancement de ReGenève, nous avons rencontré son cofondateur et CEO, Nicolas Freudiger.

Avant de créer ID Genève, vous avez travaillé plusieurs années dans de grands groupes, dont quatre ans chez Coca-Cola. Quel a été le déclic pour tout quitter et vous lancer?

Nicolas Freudiger: C’était un rêve de gosse. Avec Cédric Mulhauser, l’un de mes meilleurs amis d’enfance, on s’était promis, à 14 ans, qu’un jour on créerait notre propre marque de montres. L’idée est restée en arrière-plan pendant des années, jusqu’au moment où, en 2019, je me suis dit que je ne voulais pas arriver à 65 ans sans avoir au moins tenté l’aventure. Alors j’ai appelé Cédric, qui était entre-temps devenu horloger chez Vacheron Constantin, et avec Signal Depéry, designer formé à l’ECAL, on s’est lancés.

On voulait proposer autre chose, affirmer une identité différente. C’est d’ailleurs ce que signifie ID dans le nom de la marque. Avec une ambition forte: placer l’industrie du luxe au cœur de la transition écologique, en mettant le pouvoir aspirationnel du Swiss Made au service du changement. Pour rester cohérents jusqu’au bout avec cette approche locale, on a lancé un crowdfunding sur une plateforme suisse. En moins de 48 heures, notre objectif était atteint!

Vous dites vouloir placer l’industrie du luxe au cœur de la transition écologique. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour vous?

Nous avons placé l’économie circulaire au cœur de la démarche d’ID Genève. Et loin d’être une contrainte, je la vois comme une véritable opportunité économique. On a souvent tendance à la réduire au simple fait de recycler des déchets. Mais ce n’est pas que ça. Pour moi, il s’agit avant tout d’optimiser le flux des matériaux, d’améliorer chaque étape: de la conception à la production, jusqu’à la fin du cycle de vie du produit.

Prenez notre acier, par exemple: il est 100% recyclé et produit dans le Jura, en circuit court. Mais à l’origine, le projet n’était pas pensé comme une initiative de développement durable. L’objectif, c’était avant tout de créer un matériau d’excellence. Il visait le grade 4441, et le circuit court s’est imposé naturellement: pour garder la maîtrise du processus et garantir la qualité. Ce n’est qu’après coup, en analysant son impact carbone, qu’on a réalisé à quel point cette démarche s’inscrivait aussi dans une logique circulaire.

Avez-vous dû faire des concessions sur la qualité en intégrant des matériaux recyclés?

Pour l’instant, nous n’avons pas eu besoin de faire de compromis. Mais cela demande une longue phase de recherche et développement. Certaines pièces nous ont demandé jusqu’à 57 itérations avant d’obtenir un résultat satisfaisant. Dans certains cas, en revanche, il n’est tout simplement pas possible d’utiliser des matériaux recyclés. C’est un voyage vers plus de circularité. Aujourd’hui, nous sommes à environ 10% de matériaux vierges. Je ne pense pas qu’on atteindra un jour les 100%, mais on continue de progresser.

Source: reloved.media

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